Skate, blessures & rééducation
Le tiercé gagnant.
Il était une fois un jeune skater pré-pubère avide de sensations. Nous l’appellerons Polo pour plus de discrétion. Un jour, Polo, alors qu’il passait au détour d’une place publique moche et mal famée, découvre des mecs plus vieux en train de faire de la planche à roulettes dans tous les sens. Là où les plus de 70 ans verraient un passe temps de délinquants alcooliques avides de destruction d’espaces publiques, Polo, lui, est ébloui : enfin une y activité super cool pour se marrer avec les potes ! Très vite Polo acquière un board seconde main sur le Vrai Bon Coin du Skateboard, motive son crew à faire de même, et les voilà partis pour des après-midi de skate endiablé, à chasser les moindres spots et à emmerder les petites vieilles aux caniches incontinents.
Après quelques mois de pratique, le jeune Polo commence à taquiner le planchon. Les premiers tricks en flat finissent par passer : ollie, fs 180, heelflip, et même varialflip pour les jours les plus en veine. Une après midi, Polo et ses potes se chauffent à tenter leur nouvelles pirouettes sur les 4 marches du Auchan. Kévin s’élance en premier et s’en sort avec une belle tranche to faceplant qui aura bien fait rire tout le monde. Rémi se jette et plaque first try un shov-it popé devant l’objectif éberlué du smartphone de Rim-ka. Grosse émotion, tout le monde le congratule, Polo sent la pression monter d’un coup. Polo se chauffe, fait deux trois essais à plat, puis se balarge en gros bs 180 pour impressionner la galerie. Problème, son pied arrière passe juste devant la planche au moment de la replaque, et par effet mécanique les 55kg de Polo passent par-dessus sa cheville qui hurle un gros « CRACKKKKK » suivi d’un gros « P****N d’sa M**E » !! Les potes se précipitent : « ça va mec ?! » « P’tain ta cheville elle a fait un de ces bordels ! » « Faudrait pt’être appeler ta mère non ?! ». Polo, lui n’a d’yeux que pour sa cheville gauche qui vient de tripler de volume en 30 secondes. Impossible de poser le pieds par terre, Polo sent en lui monter cette terrible colère que tout skater connaît par cœur : « Mais putain quel con bordel de merde ! ».
Bilan des courses : après un petit passage aux urgences qui aura duré bien 4 heures, Polo ressort avec un plâtre à la cheville, un tendon arraché avec déplacement osseux, des béquilles, trois boites de seringues à se planter tous les jours dans le bide contre la phlébite, et une haine profonde mais passagère contre cet instrument du diable.
Mais Polo, c’est un mec fort. Malgré l’adversité, il le sait, il va s’en remettre ! La question serait plutôt : comment faire pour se remettre en scelle le plus vite possible ?
Huit conseils pour bien récupérer d’une blessure en skateboard
Déjà, posons les bases : les conseils suivant ne sont pas à prendre aux pieds de la lettre, et on vous conseille même fortement de les soumettre à critique auprès de votre médecin / ostéopathe si vous en avez un. Tous les exemples cités sont le fruit de notre longue expérience des chutes et autres blessures en skate, mais ne s’appliquent pas si vous avez été victime d’un gros traumatisme à la tête ou au dos. Il faut avant tout passer par la case urgence / médecin si jamais vous sentez que ça ne va pas le faire. Bien souvent les traumas crâniens ne se révèlent que quelques heures après le choc avec des vomissements et des pertes de connaissance. Alors ne déconnez pas, si ce que vous avez semble sérieux, allez consulter.
Ceci étant dit, on vous a préparé une petite liste de bons réflexes à avoir en cas de blessures types pizzas (grosses plaies), entorses (cheville, genoux, poignet, coude…), fractures ou gros chocs suivis d’un gros oeuf (hématomes sur la hanches, les coudes, les genoux, les tibias, la cheville…). Ceci est valable pendant et après que vous vous soyez fait mal, car les premières secondes peuvent parfois s’avérer cruciales en cas de gros pépins.
Pour vous mettre dans l’ambiance, voici quelques exemples de bonnes taloches :
Conseil numéro 1 : s’arrêter de skater si jamais s’en était une belle !
Il arrive que nous aillons envie de continuer à rouler sans même se rendre compte de la douleur. C’est le résultat des molécules anti-douleur émises lors de la pratique d’une activité physique intense. Sauf qu’une fois posé, vous sentez que ça monte et que ça ne va pas passer. Entre temps, le mal à pu s’empirer, notamment dans le cas de fracture. Prenez donc le temps de vous poser 5 minutes pour voir comment ça évolue : si jamais ça gonfle et que des couleurs bizarres apparaissent, c’est que le mal est fait. Sinon, attendez un peu et voyez si la douleur finit par passer sans transformations bizarres. La cheville de Ben Garcia après une blessure, tirée de sa chronique sur l’Equipe :
Conseil numéro 2 : demander de l’aide pour les premiers gestes.
Faut pas avoir honte, tout le monde se prend des roustes qui nous laissent sur le carreau. A l’inverse, si vous voyez un mec s’en prendre une grosse, allez le voir direct pour lui demander comment ça va. Si le type est mal en point, ne pas hésiter à appeler de l’aide (Pompiers : 18 / Samu : 15). Cela lui évitera de devoir faire le trajet jusqu’à la maison avec une cheville bousillée, par exemple. De même, donnez lui de l’eau, aidez le à nettoyer sa plaie si jamais il s’est salement ouvert, allez lui acheter un gros paquet de petits poids surgelés (1.6€ chez Carrouf’) pour l’aider à soulager son petit corps meurtri. Conseil numéro 3 : si vous finissez aux urgences, évitez autant que possible de vous faire plâtrer ! Sauf dans les cas de fractures, tous les ostéopathes vous diront qu’il vaut mieux se faire poser un gros bandage bien serré plutôt qu’un plâtre à l’ancienne, qui empêchera tout mouvement de votre articulation. Bien souvent, les plâtres entraînent un blocage pendant plusieurs semaines, ce qui a pour résultat de d’ankyloser l’articulation et ralentir considérablement le processus de rééducation : les muscles fondent, les tendons et ligaments perdent de leur flexibilité, et vous vous retrouver avec une grosse masse rigide après vos 3 semaines de plâtre.
Conseil numéro 4 : ne pas faire le con alors qu’on est blessé !
Le gros problème de la blessure en skate c’est qu’elle nous empêche de faire ce que l’on kiffe le plus dans la vie. Du coup, on pense vite à remonter sur sa board, même si la terre entière (et nous avec) nous dit le contraire ! En vérité, faites super gaffe pendant la guérison. Ce n’est pas parce qu’on voit des vidéos de pros en train de rider de gros rails avec un plâtre en résine qu’il faut faire la même chose. Vous risquez de retarder le processus de guérison, voir pire, aggraver votre cas. Consultez autour de vous : une grand nombre de skaters regrette amèrement de ne pas avoir suffisamment pris son temps pour se remettre d’une blessure. Résultat, tu te blesses à répétition et ton corps devient progressivement tout pourri. Le mieux est donc de prendre son temps, même si vous en chiez des ronds de chapeau devant les copains sur le spot. Après, si vous décidez d’aller rouler malgré la douleur, équipez vous de protections type protège poignet, straps pour la cheville voire même une atèle pour le genoux ! Exemple de conneries à éviter avec une entorse au poignet :
Conseil numéro 5 : faire appel à un expert médical pour la rééducation.
Suivant la gravité de votre situation (blessures ligamentaires par exemple), il vous serra recommandé de passer par un ostéo pour vous soigner. Si c’est le cas, profitez-en dès les premiers jours après votre blessure : les ostéo préconisent de commencer à bosser la rééducation très vite après le traumatisme. Cela évite à l’articulation de se bloquer trop longtemps, et cela permet de se soigner plus vite. Bien sûr il faudra y aller régulièrement surtout au début, mais les séances d’ostéo peuvent clairement faire une sacré différence sur le long terme : toutes les parties du corps sont interconnectées, et une sale entorse à la cheville pourrait bien se transformer en mal de dos chronique si vous ne faites rien pour vous rééquilibrer intérieurement. Ça peut paraître un peu fumeux comme ça, mais l’expérience montre que ces séances permettent de reprendre plus vite et plus durablement une activité physique. Il existe même des ostéopathes spécialistes des sports comme le skate, donc n’hésitez pas à vous renseigner.
Conseil numéro 6 : utiliser des accessoires de rééduc’ vous vous renforcer.
Si l’y a bien un marché pouvant s’avérer porteur, c’est celui des produits dédiés à la rééducation des skateurs. Souvent, les experts du sport conseillent d’utiliser des ballons, élastiques ou autre pinces de force pour se muscler avec douceur. Même si ces accessoires s’avèrent fortement utiles pour vous remettre en scelle, rien ne vaut la sensation d’une planche de skateboard. Si c’est votre cas, on vous conseille les planches d’entrainement SyckTrix, importée depuis peu en Europe. La marque, créée en 2012 à San Clemente en Californie, proposent des boards de street montées sur un système de deux coussins d’air positionnés à l’emplacement des trucks. Le grip est constitué d’une mousse grippante (genre snowskate), permettant de s’entraîner aussi bien dehors que dedans, avec ou sans chaussures. Les coussins fournissent un bon équilibre et un bon pop, ce qui permet de retrouver ces marques facilement après une entorse de la cheville par exemple.
Voici quelques exemples d’utilisation du planchon (avec un certain Vincent Milou en guest) :
Conseil numéro 7 : on se ménage !
Pour bien récupérer d’une blessure, il faut aussi savoir anticiper les prochaines. C’est un fait, le skateboard est une activité auto-destructrice qui flinguera votre corps à petit feu, et encore si vous êtes chanceux. Tous les anciens membres des Piss Drunks vous le diront : Les articulations s’usent, les jambes raidissent, le reins faiblissent… bref, si l’on ne fait jamais rien pour s’entretenir, ça peut vite devenir le calvaire. Les plus jeunes ne s’en rendent pas forcément compte, car leur corps est en pleine puissance de l’âge. On récupère vite, que se soit après 3 jours de session ou de fiesta. Mais pour les moins jeunes (ou jeunes vieux), l’équation est un peu plus compliquée, surtout quand les blessures et les douleurs commencent à empiéter sur la vie en dehors du skate (oui, il y en a bien une, au bout d’un moment). Notre conseil est donc le suivant : après chaque blessure et de manière générale, prenez l’habitude d’entretenir un tant soit peu votre corps d’athlète. Échauffez-vous avec des petites tricks tranquilles au début de la session, et étirez-vous un peu à la fin, même si ça peut faire un peu idiot devant les potes plus jeunes. Quand vous leur mettrez encore la race à game of S.K.A.T.E à 35 ans, ils comprendrons mieux ! Idem, faites quelques exercices d’assouplissement tranquillement à la maison, de préférence en vous levant. Sans aller jusqu’à des séances de yoga frénétiques, cela aidera votre corps à rester souple, plus longtemps. Vous pourrez ainsi profiter encore de nombreuses années de votre jouet favoris, ce qui n’a pas de prix.
Conseil numéro 8 : garder la patate !
On le sait tous, se blesser en skate, c’est super cafard. après il y a ceux qui se morfondent et passent leur temps à se plaindre, et il y a ceux qui profite de ce temps d’inaction relative pour faire autre chose : chiller avec les potes, checker la famille, bricoler des trucs avec les vieilles boards cassées qui traînent… voir même aller à la pêche, comme le
conseil ce bon vieux Oscar Candon (à la 5e minute) :
En résumé, il vaut mieux s’armer de patience lorsque l’on récupère d’une blessure en skateboard. Véritable hantise de tous les amoureux de la planche à roulettes, la blessure et la rééducation n’en demeurent pas moins deux étapes fondamentales de l’apprentissage de cette discipline appelée sport extrême par certains, art collaboratif par d’autres. Le meilleur des remèdes pour se remettre d’une sale blessure reste donc la méthode douce, tranquille, où vous aurez pris le temps de demander conseil à vos potes, votre médecin ou votre ostéo. Prenez les choses du bon côté en vous disant que ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort, et rappelez vous que la plupart des gens arrête après une vilaine blessure…
Si vous voulez continuez à profiter le plus longtemps possible de ces quelques centimètres de bois d’érable, on vous conseille de prendre soin de votre corps dès le début, parole de vieux cons !
Vous l’aurez deviné, cet article est appelé à évoluer dans le temps. Si vous avez aussi des bons conseils à partager, lâchez vous dans les commentaires juste en dessous ou bien sur facebook !
Rédacteur en chef