L’ITW Chillax : « Baise-en-Ville Skateboards » !
#ENJOYTHECITY
Une fois n’est pas coutume, on a décidé de vous parler d’une jeune marque de skate française en pleine éclosion. « Baise-en-Ville Skateboards » que ça s’appelle, et avec un nom pareil y’a de quoi se poser quelques questions… tout est parti d’un questionnaire déniché sur facebook en début d’année. La question est simple : quels sont vos usages du skate en ville ? Street ? Cruising ? Pour aller chercher le pain ? Shredder jusqu’au fond de la nuit avec vos potes ? Un certain Laurent faisait ainsi appel à l’avis de surfeurs de bitume de tout acabit, histoire d’accumuler des « tuyaux » (ou « insights », en jargon de pubards). Plusieurs mois sont passés et un e-mail plutôt intriguant nous ait parvenu : « Découvrez une nouvelle marque de skate made in France ». L’aurait-il fait ? Ni une ni deux, on a pris rendez-vous avec l’instigateur de la marque, Laurent, histoire d’en savoir plus sur ce projet de cruisers sauce « à la française » !
« Baise-en-Ville Skateboards », l’interview.
Chillax : Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Salut je m’appelle Laurent et je suis originaire de Poitiers. Je suis graphiste dans le digital depuis 16 ans, et je fais du skate depuis presque toujours. J’ai débuté avec des espèces de sardine en plastique à l’âge de 11 ans et puis je me suis mis à fond dans le skate dès le début des années 90, en découvrant des magazines genre AnyWay ou NoWay.
En venant sur Paris, j’ai un peu mis de côté le skate avec l’arrivée des premiers boulots. 11 ans sont passés et puis j’ai fini par retourner rouler avec un pote surfeur qui voulait s’y mettre. J’en avais envie depuis quelques temps, mais ça ne m’intéressait plus de faire du street, d’avoir une planche qui fait du bruit, de me fracasser sur des marches, etc. Du coup j’ai découvert les planches type cruiser qui sont proches de la board de street et qui m’empêchent pas d’aller rouler dans les skateparks, comme celui d’Arcueil ou l’EGP18.
Chillax : Y’a un truc qui frappe en premier lorsque on entend parler de la marque : mais putain c’est quoi ce nom ?! « Baise en ville », c’est une expression plutôt à l’ancienne… Pourquoi être parti là-dessus ?
Tout est venu de ma découverte du skate en mode balade, toujours dans l’esprit street mais en plus confortable, avec des roues plus tendres, etc. Avec ma femme, qui m’aide aussi pour le développement de la marque, on fait pas mal de sessions en skate pour aller découvrir des villes comme Berlin ou Barcelone. Ça m’a fait réaliser qu’il manquait tout un truc à l’usage du skate, à savoir comment gérer tout le temps que tu passes en dehors de ta planche, genre pour la transporter, etc.
Je me suis donc dit que ça pouvait être bien d’apporter quelque chose pour y remédier et ça s’est matérialisé avec l’idée du trou dans le nose, qui permet de mieux attraper la planche, la porter, l’accrocher et éventuellement l’attacher en ville avec un cadenas.
Du coup, cet usage se rapproche pas mal du concept de « Baise en ville », qui est un petit sac dans lequel tu mets le strict nécessaire pour découcher une nuit. C’est une expression que j’avais déjà en tête depuis pas mal de temps et je me suis dit pourquoi pas créer quelque chose avec ce nom qui symbolise le transport urbain facile, qui sonne français et qui contienne aussi un côté provocateur, à contre-courant, chose que l’on retrouve dans la culture skate depuis toujours.
Chillax : les boards Baise-en-Ville, c’est plus des cruisers que des decks de street, non ?
Pour moi c’est très important que les planches gardent un esprit street, engagé, avec un pop dynamique, une belle construction (7 plis en érable nord-américain), un nose et un tail bien équilibrés pour taper quelques tricks sur la route.
Je les voulais à la fois adaptée à la balade et au skate de rue. Elles sont plus axées sport loisir, mais sans être non plus des grosses planche bateau avec des grosses roues larges comme on retrouve dans le longboard par exemple.
Chillax : C’est compliqué de monter une marque de skate en France ? Qu’est ce qui t’a motivé à te lancer ?
Ça fait presque trois ans que je constate qu’il n’est pas forcément évident trouver le bon cruiser qui va bien, avec peu de marques dans ce registre. Soit on passe dans le longboard avec des prix élevés et des dimensions différentes, soit on tape sur les mini cruisers old school tout plats, mais qui ne permettent pas de faire de vrais tricks…
J’ai monté Baise-en-Ville avant tout pour me faire plaisir, en m’amusant avec l’univers graphique. J’aime le monde du skate et je trouve que la version balade n’est pas assez bien conçue aujourd’hui. C’est clair que le skate se démocratise, avec de plus en plus de gens attirés par ce phénomène, mais je n’ai pas forcément créé la marque pour voguer sur cette tendance-là. L’idée est vraiment de développer l’usage ludique du cruiser tout en respectant l’esprit du skate dans lequel j’ai grandi.
Après, la marque n’a clairement pas des ambitions de gros business avec de gros volumes ou des choses comme ça.
Côté inspiration, j’ai été pas mal influencé par les différents cruisers que j’ai pu tester et apprécier par le passé. A titre d’exemple, j’aime bien la marque allemande Mob Skateboards, qui propose de bons skateboards avec des vraies roues, que l’on retrouve d’ailleurs sur les planches Baise en Ville.
Pour la production, je passe par un fabriquant local et un atelier artisanal, à l’opposé du skate industriel mondialisé. Les planches Baise-en-Ville sont fabriquées par les mecs de Requiem Skateboards, qui font ça avec passion et dans les règles de l’art. Pierre de Requiem et moi partageons la même philosophie, en étant partisans d’une fabrication dans le respect du produit et des clients. Ils m’ont aidé à bosser le shape et le trou dans le nose, et je dois dire que je suis très content qu’elles soient fabriquées chez eux. On a pu essayer 5 modèles différents, les monter, les gripper et aller les tester avec les potes.
Chillax : On se souvient que vous aviez fait un sondage sur les pratiques du skate en ville. Ça vous a apporté quoi ?
J’avais envie de démocratiser l’univers du skate, parce que tu t’aperçois que dès que tu parles de ça à des gens n’y connaissent rien, ça peut vite leur faire peur. Pour moi il y a un équilibre à trouver, d’où l’idée de faire un sondage, pour voir comment l’aspect cruiser, avec un skate de balade plus accessible, pouvait résonner auprès d’un public plus large. J’ai eu pas mal de participations et j’en retiens que, finalement, il y a pas mal de gens qui ont fait du skate en étant plus jeunes et qui aimeraient s’y remettre aujourd’hui, mais qui n’osent pas franchir le pas parce qu’ils appréhendent cet univers un peu fermé et ne savent pas trop comment s’y prendre. J’ai aussi vu que le mélange entre une pratique street et une pratique à la cool pouvait être totalement compatible. Globalement tout le monde trouvait cette idée bonne, ce qui m’a donné encore plus envie de me lancer.
Chillax : C’est quoi le futur de Baise-en-Ville pour les mois à venir ?
Maintenant que la marque et son univers sont lancés et que les produits ont été designés, l’idée est d’entamer en septembre une campagne de financement via du crowdfounding sur Kickstarter. Le principe est d’atteindre un certain nombre de pré commandes au bout d’un mois pour pouvoir lancer une production.
L’objectif n’est pas de faire des marges, car même avec une fabrication locale en France sur une série de 50 planches, tu ne gagnes pas grand-chose à la fin. Pour l’instant je cherche plus à me faire plaisir avec ce projet, après on verra bien où tout ça pourra nous mener !
Pour lancer la campagne, on monte un stand à la Cité de la Mode et du Design à Paris, à l’occasion de la version off du salon « NOW ! », dédié au design d’objets du quotidien. Cette partie off est ouverte au grand public pendant une semaine, du 3 au 10 septembre. C’est super cool parce que ça va nous permettre de montrer les produits, les faire tester, et bien sûr lancer la campagne de financement sur Kickstarter. Huit graphismes différents seront présentés : quatre modèles « Baise-en-Ville » dessinés par mes soins et quatre collabs avec deux artistes, Céline Leroy et Emmanuel Hyronimus, qui seront dévoilés pour l’occasion.
Si tout se passe bien et que la campagne fonctionne avec un bon potentiel de commandes, on partira sur une petite production en début d’année prochaine. On écoulerait tout ça au fur et à mesure via un shop en ligne, et pourquoi pas des boutiques un peu alternatives, du genre axées sur une vision du skate un peu différente, de façon à ce que nos planches cohabitent avec d’autres univers, à l’image de ce que l’on souhaite pour Baise-en-Ville Skateboards !
Vous pouvez suivre l’avancement de la campagne Kickstarter et y participer en retrouvant Baise-en-Ville sur le site web officiel, instagram et facebook.
Rédacteur en chef