Chroniques d’une virée skateboard en Asie
Il est grand temps de se remettre au travail. Après 10 mois de silence radio, Chillax est de retour en ligne.
La raison d’une telle absence ? Un trip de plusieurs mois en Asie, ayant entraîné une mis en stand-by du site. Décision difficile bien que nécessaire pour profiter à fond de cette partie du monde… Le skateboard est toutefois resté au centre de nos préoccupations, avec une planche Voyager Skateboard embarquée tout au long de ce périple.
Résultat ? Je vous propose de découvrir une chronique documentée sur les différents spots rencontrés en terres asiatiques. J’ai eu la chance de poser mes roues en Birmanie, au Laos, au Cambodge, en Thaïlande et en Indonésie. L’Inde était aussi au programme, mais la chaleur ajoutée au manque total d’infrastructures urbaines ont eu raison de ma motivation.
Un résumé pour, je l’espère, vous donnez l’envie d’aller y faire un tour. Personnellement, j’ai réalisé à quel point le skateboard transcende les frontières terrestres, linguistiques ou culturelles. Même à plusieurs milliers de kilomètre de la maison « France », on arrive à dénicher des spots, des gens motivés et des shops qui se bougent. A la vue des difficultés d’accès aux infrastructures et au matos, on réalise très vite à quel point nous sommes privilégiés dans nos contrées riches et développées. Cela sonne très cliché, mais les écarts sont parfois si importants que l’on prend littéralement une grosse claque dans sa gueule en voyant débarqué des minots avec une board de misère et se donner à fond, alors qu’absolument rien de leur environnement ne les a poussé à pratiquer le skateboard…
Chroniques d’une virée skateboard en Asie : la Birmanie [ Mandalay ]
Sans vouloir verser dans des détails inintéressants, notre arrivée dans Yangon nous a tellement abasourdi que le skateboard n’est clairement pas venu à mon esprit avant quelques semaines. Il a fallu attendre notre passage par la deuxième ville du pays, Mandalay, pour que je me lance à l’attaque des spots locaux. Après avoir scruté le web à la recherche de pistes skate-friendly, j’ai fini par tomber sur un spot couvert un peu bizarre, avec des modules en béton assez cool, mais un sol recouvert d’une matière plastique anti-chute, idéale pour les powerslides et autres glissades incontrôlées. Bref, j’y ai quand même passé un bon moment malgré une chaleur torride et des moustiques très intéressés par mon sang venu d’occident. Les locaux y sont hyper accueillants et rident avec une spontanéité déconcertante. Ils adorent tout ce qui roule, que ça soit du roller, du skate ou autre. Les frontières rigides entre les pratiques, ils s’en balancent, tout simplement.
Le spot se situe sur le même axe que le Manaw Yaman (centre aquatique, carte ci dessous). Si vous galérez à trouver, demandez aux jeunes locaux qui traînent autour, ils se feront une joie de vous y accompagner, sourire birman en prime !
Chroniques d’une virée skateboard en Asie : le Laos [ Vientiane ]
Ce qu’il y a de bien avec le Laos, c’est qu’on y est très vite dépaysé. Le pays regorge d’endroits naturels de toute beauté et il suffit de louer un scooter et partir à l’aventure pour en prendre plein la vue. Par contre, côté skateboard, c’est totalement l’inverse : le Laos manque cruellement d’ensembles urbains développés. C’est simple, à part la capitale touristique Luang Prabang et la capitale administrative Vientiane, les villes un tant soit peu « développées » sont quasiment inexistantes. Vous trouverez plein de jeunes avec des faux t-shirts Supreme et Thrasher, mais quasiment aucun sur un skateboard ! J’ai beau avoir cherché sur la toile mais aussi dans la ville (Vientiane), je n’en ai croisé aucun. Le seul rider rencontré s’est avéré un mec en BMX qui m’a montré le spot où les skaters sévissent en règle général. Situé sur une longue route près du parc Chao Anouvong au bord du Mékong, le lieu n’a rien d’agréable pour le skate, avec zéro modules et un nombre incalculable de passants médusés face à un skateboard.
J’ai donc très vite lâché l’affaire, quelque peu déçu de n’avoir pu nouer de liens. Heureusement, j’ai pu me rattraper en arpentant les rues de la capitale : on y trouve très vite de quoi s’amuser, avec des spots en marbre tout neuf rappelant la Chine. Et comme les locaux ne connaissent quasiment pas le skateboard, ils vous laissent très facilement skater n’importe où, que se soit une statue sur une place publique, un parvis d’hôtel et même un centre culturel officiel.
Si vous êtes de passage dans la ville, voici mes recommandations pour une session street bien sympathique : la statue d’Anouvong et ses bancs semi-circulaires situés dans le parc public homonyme, les marches et autres gaps bien cool tout autour du Lao National Museum, et le handrail rond juste parfait en bas du Lao Plaza Hotel. Pas d’images pour illustrer mon propos, ma copine étant resté se reposer à l’auberge. Mais vous pouvez avoir confiance, ces spots valent le détour !
Chroniques d’une virée skateboard en Asie : le Cambodge [ Kampong Cham / Phnom Penh / Siem Reap ]
Kampong Cham
Contrairement à son voisin laotien, le Cambodge propose pas mal de villes où il est possible d’aller rouler librement, sans trop se tracasser outre mesure. La preuve avec la cité de Kampong Cham, dans l’Est du pays, sur les bords du Mékong. Juste devant l’auberge, j’ai pu rider des curbs, sets de marches et autres many pads. Mis à part les locaux interloqués, le spot était juste parfait !
Phnom Penh
J’ai ensuite enchaîné avec la capitale du pays des khmers, Phnom Penh. Sur place, j’ai pris contact avec le The Skateshop Phnom Penh, l’institution des locaux du centre ville.
Les mecs m’ont accueilli à bras ouverts, ce qui m’a permis de les interroger sur la scène locale. J’ai vite compris que les choses avaient énormément changé ces dernières années, particulièrement depuis l’arrivée de l’ONG Skateistan, il y a environ 7 ans. La pratique du skateboard c’est rapidement développée, surtout parmi les cercles aisés de la ville. Le skate a commencé à acquérir de la visibilité, comme le démontre le nombre assez dingue de jeunes skaters sur l’immense plaza située juste en face du shop. Seul bémol, le réseau de distribution de matos est quasi inexistant, ce qui ne favorise pas l’apparition de marques véritablement locales… N’empêche, les gars connaissent le skate aussi bien que n’importe quel kids occidentaux et rident leur board comme des bêtes. Sur le spot, j’ai aussi pu croiser des expatriés et étrangers de passage, le tout dans une ambiance super conviviale. Malheureusement, je ne peux rien vous raconter sur le skatepark Skateistan au Sud de la ville, ayant préféré chiller avec les locaux, entre deux averses tropicales.
En ce qui concerne plus particulièrement le lieu, vous y trouverez une esplanade en marbre de qualité, répartie tout autour de la statue célébrant l’amitié Cambodge-Vietnam. C’est là où se concentrent la plupart des locaux, car le flat y est juste parfait. Des rails assez hauts et flat s’y étendent de part et d’autre, ainsi que des palettes à manual sinueuses et carrément cool à skater.
Siem Reap
Localisée au Nord Ouest du pays, la ville de Siem Reap est la plus proche – et donc la plus peuplée – des temples d’Angkor. Si vous allez au Cambodge, il est fort à parier que vous y passerez au moins quelques nuités. On y trouve une multitude d’hôtels, restaurants, bars / boites, marchés sacrément occidentalisés, ne rendant pas forcément les lieux propices au dépaysement… Si vous cherchez le calme et la tranquillité, vous êtes mal tombés ! Néanmoins, côté skateboard, la ville décèle une très bonne adresse appelée « MIRAGE SIEM REAP« . Créé par un khmero-canadien de 28 ans parlant un français parfait, le spot se compose d’un ancien conteneur réaffecté en street café, une large dalle de béton bien lisse, un très long curb de bonne hauteur et incurvé d’un côté, ainsi que des petits modules d’appoints d’ici de là. Sur place, tout y est DIY, expresso compris. Photographe de qualité et skater passionné, le gérant accueille tous les skaters de passage avec grand plaisir, prêtant même sa board si nécessaire. Il projette d’ailleurs d’agrandir son espace, avec une mini ramp dans le jardin derrière. Si vous avez la chance de la skater, faites-le nous savoir !
Pour aller sur ce spot, je vous conseille de vous diriger vers cette pizzeria située juste à côté. Toujours pareil, une fois sur place, demandez autour de vous si jamais vous ne trouvez pas !
Chroniques d’une virée skateboard en Asie : la Thaïlande [ Bangkok / Chiang Mai ]
Bangkok
Tentaculaire, bruyante, ultra moderne… Bangkok provoque une véritable explosion des sens, surtout lorsque l’on débarque des contrées rurales et verdoyantes des pays voisins. Tout y est taille XXL et on y trouve une société basée la fusion entre culture occidentale dernier cri et traditions thaïlandaises réinventées. Pas évidente à appréhender au début, la capitale du royaume des Thaïs n’en demeure pas moins très stimulante, avec une quantité impressionnante de choses à voir et à faire, à commencer par certains quartiers réputés pour les bonnes affaires et autres transactions plus ou moins légales. Sur le plan skateboardistique, la scène est bien entendu très développée, avec une multitude de shops, marques locales et skateparks totalement en phase avec les standards occidentaux. Pour autant, les locaux ont conservé une mentalité d’accueil héritée de leur culture ancestrale et il est extrêmement facile d’aller à leur rencontre pour se faire indiquer les bons spots à ne pas rater. Personnellement, j’ai pris contact via Facebook, n’ayant pas le temps de me rendre directement dans les shops (oui, les distances sont aussi très impressionnantes…). Les locaux m’ont chaleureusement indiqué les spots cool proches de mon quartier, afin que je puisse aller rouler sans difficulté.
On commence avec les dessous du Rama VIII Bridge, côté rive droite. Accessible via Rama VIII Frontage Road, ce spot est 100% street, avec des curbs, des marches, du flat, un bank et même un fat rail pour les fat pop.
Une fois sur place, vous risquez de croiser des clochards un peu chelou, mais pas du tout méchants. Le seul m’ayant approché voulait simplement me demander l’heure, rien de plus. Certes ils font un peu peur, mais tout ira bien, vous pouvez skater sans crainte. Par contre, prenez de quoi vous désaltérer sur le chemin, le plus proche 7/11 n’étant pas tout à côté ! Personnellement j’ai beaucoup aimé ce spot, tant au niveau des choses à y skater, que par l’ambiance ghetto et l’ombre très agréable.
Autre spot, autre ambiance : des modules « hors d’âge » vous attendent sur une petite placette au beau milieu du quartier chaud de Khao San. Au menu, on y trouve un long curb, une flat bar, des curbs hauts, des pigeons et des dizaines de paires d’yeux braqués sur vous. Posté au milieu d’un carrefour passant, difficile de ne pas attirer l’attention des touristes défoncés et des locaux amusés ! Ce spot est parfait pour terminer la session sur quelques lines, au crépuscule.
Chiang Mai
Deuxième ville de Thaïlande, Chiang Mai n’a rien à envier avec sa grande sœur Bangkok. Accolée aux montagnes formant la frontière avec la Birmanie, la vie s’y écoule beaucoup plus lentement. La bourgade est moderne sans excès, avec une part belle laissée à la verdure et aux traditions thaïs et bouddhistes. En ce qui concerne le skate, j’ai beau avoir arpenté la ville, j’ai eu du mal à trouver de quoi m’amuser. Il a fallu attendre une petite promenade dans le centre historique pour croiser la perle rare : il s’agit de la place des « Three Kings », que l’on trouve dans le centre de la vieille ville. Composée de curbs, marches, banks et autres manual pads, la plaza est un monument à vocation religieuse, donc attendez vous à croiser le regard noir des passants. Paraît-il que la police y passe souvent, mais je n’ai pas vu l’ombre d’un flic en deux heures de session. Le flat et les curbs sont particulièrement parfaits et on se prend vite au jeu des lines à n’en plus finir !
Chroniques d’une virée skateboard en Asie : l’Indonésie [ Jakarta / Yogyakarta ]
Après l’Asie continentale, direction les îles indonésiennes de Java, Bali et Lombok. Les deux dernières étant plus propices à la planche des mers, je me suis contenté d’explorer Jakarta et Yogyakarta, les deux plus grandes villes de l’île de Java.
Jakarta
La capitale indonésienne peut paraître très austère, soyons honnête. Densément peuplée et ultra urbanisée, on s’y sent vite assez oppressé… Toutefois, grâce à la gentillesse légendaire des indonésiens, ce sentiment finit par disparaître, surtout lorsqu’on s’aventure dans les coins non touristiques de la ville. Suivant le modèle des ses grandes sœurs thaïlandaise et malaisienne, la ville tend à devenir une capitale de pointe, avec des infrastructures fiables bien en phase avec son temps. Du coup, les skateparks y poussent comme des champignons. J’ai notamment eu l’occasion d’aller tester celui de l’ancien quartier chaud de la ville, aujourd’hui rasé : le parc Kalijodo.
Bâti sur un modèle « à l’américaine », ce skatepark n’a rien à envier à ses semblables occidentaux. On y trouve un bowl de qualité, une aire de street plutôt agréable et même un circuit de type « race » faisant le tour complet du terrain. Les jeunes locaux se montrent très curieux et chaleureux envers les nouveaux venus. Seul bémol du spot : pas la moindre ombre à l’horizon ! Si comme moi vous y tapez session un matin de Juin, attendez-vous à souffrir le martyr sous 37 degrés… Heureusement, il existe un grand préau où vous trouverez un distributeur pour vous désaltérer. J’ai même pu assister au tournage d’un espèce de clip plutôt marrant (d’où la photo juste en dessous).
Yogyakarta
La ville de Yogyakarta partage énormément de points communs avec sa lointaine cousine, Chiang Mai. Egalement deuxième cité du pays, « Jodja » – comme disent les locaux – offre un cadre de vie nettement supérieur à celui très bétonnée et sans âme de Jakarta. Plus verdoyante, plus historique, plus agréable pour aller promener, cette ville, coincée entre l’océan et un volcan, aura de quoi ravir les personnes déçues par la capitale. Yogyakarta est aussi très propice au skateboard, avec plusieurs adresses d’excellente qualité.
On commence avec l’unique spot que j’ai pu tester, le VAST Skatepark. Construit par la boutique éponyme située juste à côté, ce park extérieur offre un ensemble de modules neufs plutôt bien agencés. Banks, transitions, handrails, curbs, mini bowl, il y a là de quoi s’amuser toute la journée. Normalement l’entrée est payante, mais il suffit d’aller se présenter à la boutique VAST pour se voir accorder un droit d’accès gratuit. Profitez en pour chiner leurs produits, les mecs ont du style à revendre ! Le spot s’avère également éclairé, ce qui permet de prolonger la session de nuit. Petit détail amusant : les mecs ont même pensé à des gradins, donc attendez-vous à avoir du public lors de votre passage sur le park !
Je vous laisse découvrir les lieux, avec quelques photo et un petit clip de mes prouesses, posté sur les instagram.
Yogyakarta recèle d’autres adresses skate à découvrir. Je n’ai malheureusement pas pu m’y rendre, mais les locaux m’en ont dit beaucoup de bien. Je vous les partage donc, à vous de nous dire ce que vous en avez pensé !
TAMKUL SKATEPLAZA : cette skateplaza était en construction lors de mon passage. Elle présente pas mal de modules streets qui ont l’air très cool à rider !
DENGGUNG SKATEPARK : j’ai pu apercevoir ce park en passant devant en bus. Il n’a pas l’air tout neuf, mais les arbres de bodhi ancestraux lui donnent un aspect totalement mystique.
En conclusion…
Si vous êtes arrivé au bout de cet article, vous aurez vite saisi le potentiel incroyable que recèle l’Asie du Sud Est. En totale transformation – surtout dans les parties les plus pauvres – cette région se développe à une vitesse folle, ce qui a pour conséquence de booster les scènes skate locales. Parfois timide, la transition vers nos standards européens avancent à grands pas, ce qui se ressent lorsqu’on cherche à prendre contact avec les locaux. Marques, associations, skateparks, les projets se multiplient, avec plus ou moins de réussite. Les usages sociaux n’étant pas toujours en adéquation avec cette pratique venue d’occident, cela peut parfois refroidir les ardeurs. N’empêche, à travers la réussite ou l’échec, les skaters locaux se bougent les fesses tout en restant d’une infinie gentillesse, toujours prêt à vous filer un coup de main ou vous donner un bon conseil. Si vous êtes de passage avec votre board, je le répète : n’hésitez surtout pas à prendre contact avec les gars sur place, via les internets ou en direct ! Le skateboard est un lien unique entre les cultures, aussi stupide que cela puisse paraître.
Personnellement, j’espère que ces chroniques du skateboard en Asie vous auront donné envie de partir à l’aventure, planche rivée au sac-à-dos. Pour ceux qui se rendront un jour sur place, partagez votre expérience, la section commentaire est là pour ça ! N’hésitez pas à faire des mises à jour avec photos et vidéos, nous serons plus que ravi de les partager avec la Chillax family.
PS : je dédis ces chroniques aux gens merveilleux rencontrés là bas et à ma fiancée Alice, sans qui rien de tout ça n’aurait été possible.
Rédacteur en chef
Tellement stylé ton article merci. Je suis en tour du monde avec ma femme et ma planche de skate j ai fait les us cetait fou pour le skate mais l asie un peu galère. J ai deja fait myanmar thailande et la j suis au laos je vais suivre tes conseils pour vientiane et jakarta.
Encore merci
Armand